Né en 1970, Yannick Vigouroux est photographe, critique et historien d'art. Diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure de la photographie (Arles), il a publié de nombreux ouvrages et articles sur la photographie.

Il a surtout utilisé depuis 1996 différents appareils Polaroïd, et des box 6x9 cm pour réaliser la série "Littoralités" consacrée au littoral et aux zones portuaires : 

"J'aime me promener au bord de la mer avec ma box, cet appareil si léger, inoffensif (j'aime beaucoup l'idée que ce ne soit pas du matériel professionnel, sérieux), ne possédant pas de cellule pour mesurer la lumière, pas de diaphragme non plus... Je ne peux déclencher qu'au 1/50 s ou sur pause B. Plus de contrôle possible ou presque, je dois me soumettre à la lumière existante, me contenter de cadrer très approximativement dans le minuscule dépoli. Je fais des photos quand cela est possible ; j'ai le sentiment que, désormais, c'est en réalité le monde que je laisse entrer dans la boîte qui prend lui-même l'image. De ce parti pris de lâcher prise résultent ces vues intemporelles et immatérielles. Je ne crois pas à la vérité du document. Selon moi, le document ment toujours, l'imaginaire jamais."

Après vingt ans de pratique argentique qu'il poursuit avec le film instantané Fuji Instax Wide, il explore aussi désormais les potentialités créatives qu'offrent les smartphones et les sténopés numériques.

" Avec le concept de foto povera faisant l’éloge des pratiques dites « archaïsantes », contre le mythe techniciste et la vulgate bressonienne de « l’instant décisif », Yannick Vigouroux, critique et photographe, a créé beaucoup d’émoi.

Collectif informel de photographes prônant le geste libre et l’enfance de l’art, foto povera n’a pas joué le jeu du marché de l’art, mais de la liberté punk et de la remise en question des valeurs dominantes en matière de beau.

Imprégné par la culture visuelle issue du rock indépendant et de l’underground, Yannick Vigouroux a refusé de se plier aux exigences esthétiques en vogue dans les milieux chics des années 1990, mettant le cap sur le plaisir du geste et de l’expérience hic et nunc, plutôt que sur les protocoles intellectualistes, trop souvent chichiteux.

Sans jamais craindre l’humour, foto povera a rappelé l’importance du corps, de la présence, de la matérialité du rien, du mouvement contre les idées fixes et la rentabilité des postures reconnues institutionnellement. “ (Fabien Ribéry, extrait du blog ” L'Intervalle ", 15 juin 2020).